Études littéraires 52-3

Exceptionnellement, la revue Études littéraires présente un numéro à thématique libre, qui défriche des zones encore inexplorées de la recherche littéraire. En proposant une réflexion sur le rapport entre allégorie et fiction dans l’oeuvre d’Homère, Sophie Rabau poursuit la discussion entreprise lors de la Querelle d’Homère, en France. Abordée par Daniel Rudy Hiller, la question de l’allégorie fait dialoguer cette fois les oeuvres de Goethe et d’Hegel, ces deux géants ayant développé un nouveau regard sur l’histoire en travaillant à nouveaux frais cette figure de style ancienne.

D’une époque à l’autre, le dossier aborde sous un nouvel angle des œuvres bien connues : l’article d’Éléonore Reverzy nous invite à percevoir les vitrines de librairies du dix-neuvième siècle comme des natures mortes modernes ; Mohamed Chrouh présente La Peste de Camus comme une hagiographie, mettant de l’avant non pas une dévotion à Dieu, mais une foi humaniste fervente, alors que Laurianne Thibault interroge l’engagement de Gabrielle Roy dans Bonheur d’occasion. Pour sa part, Anne Isabelle François invite son lecteur à anticiper, à déjouer le futur et à rouvrir l’histoire par une réflexion sur l’uchronie chez Caillois, de même que chez Pratchett & Gaiman.

Voyageant dans l’espace autant que dans le temps, ce dossier fait une escale en terrain culturel chinois par l’analyse du lyrisme critique dans À l’Orient de tout de François Cheng, que propose Chunfeng Wu. Il se referme sur l’article d’Élodie Coutier, qui explore la rencontre du monde animal avec la fiction policière, un genre souvent négligé par l’institution, permettant une forme de critique sociale, ici les crimes de masse historiques restés impunis et les violences subies par les animaux.

Du Québec à la Chine, de l’Antiquité jusqu’aux temps imaginaires ouverts par l’uchronie, ce dossier est une invitation à entrer librement dans des démarches de recherches diversifiées.